ENSEMBLE VERS UNE ÉDUCATION PLUS INCLUSIVE
En République du Congo, l’écart de scolarisation entre les peuples autochtones et le reste de la population est critique.
En République du Congo, l’écart de scolarisation entre les peuples autochtones et le reste de la population est critique. Dans certaines régions du pays, on estime que 65% des enfants autochtones en âge de fréquenter l'école primaire ne sont pas scolarisés. L’extrême pauvreté, l’exclusion, le non-enregistrement des naissances et la discrimination ethnique et culturelle dans les écoles sont autant de facteurs qui contribuent aux inégalités en matière d'éducation et menacent les perspectives de plusieurs générations.
Les agences des Nations Unies en République du Congo, récipiendaires directs du Fonds conjoint pour les Objectifs de Développement Durable – l’Organisation mondiale pour la Santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) – en synergie avec les autres agences, joignent leurs forces pour améliorer l’accès à l’éducation et aux autres services sociaux de base des populations autochtones de la Lékoumou. Ce département, situé au sud du Congo, abrite près de 25% de la population autochtone du pays.
L’alimentation est un des facteurs qui poussent les enfants autochtones à renoncer à leur scolarisation. Le programme d'alimentation scolaire du PAM fournit des repas chauds quotidiens à plus de 13 000 enfants – dont 1 183 écoliers autochtones – dans 23 écoles de la Lékoumou. Ce filet de sécurité essentiel permet d'augmenter les taux de scolarisation et de rétention, d'améliorer les capacités d'écoute des enfants en classe et d'améliorer leur état alimentaire et nutritionnel.
« Avant le projet, il y avait moins d’enfants autochtones qui fréquentaient l’école et ceux-là ne venaient pas tous les jours. Beaucoup d’entre eux n’avaient pas les ressources pour s’acheter de quoi manger. C’est impossible d’arriver vers 6h00 - 6h30 et de repartir l’après-midi sans avoir mangé ! » explique Boris Edebe Martial, président de l’association des parents d’élèves de l’école de Makoubi. Cette école compte environ 300 élèves - dont un tiers d’autochtones – qui bénéficient chaque jour d’un repas nutritif cuisiné par les mères d’élèves bantous et autochtones. « Les enfants sont joyeux et se rassasient. Ceux qui étaient encore dans la forêt se rendent maintenant à l’école parce qu’ils savent qu’il y a à manger. Ils sont très nombreux. » ajoute Blanche Tsouari, cuisinière autochtone bénévole ayant deux enfants scolarisés dans cette école.
La nécessité de se procurer un uniforme et du matériel scolaire est souvent un obstacle majeur à la scolarisation des enfants les plus vulnérables. En fournissant des kits de fournitures scolaires, l’UNICEF veille à ce que les enfants vulnérables puissent reprendre le chemin de l’école et apprendre dans de meilleures conditions. Dans le cadre du programme projet conjoint pour les Objectifs de Développement Durable, 4 350 kits ont été distribués sur deux années scolaires (2020-2021 et 2021-2022).
« Nous ne fréquentions pas l’école par manque de cahiers et de sacs. Maintenant, je viens à l’école parce que je veux aussi devenir quelqu’un, je veux devenir Ministre. » dit Boueni Fallone, 10 ans, élève autochtone de CM1. Les enfants non-déclarés sont juridiquement invisibles et sont ainsi privés du droit fondamental d’exister légalement au sein de la société. Cela a pour effet de limiter leur accès à l’éducation et autres services sociaux de base. En République du Congo, on estime qu’un enfant autochtone sur deux n’a pas de documents d’état civil. En partenariat avec la Direction départementale des Affaires Sociales de la Lékoumou, l’UNICEF a établi 17 comités de protection dans les cinq districts du département. Ainsi, 3 722 enfants ont reçu leur certificat d’acte de naissance, leur conférant non seulement une identité, mais aussi et surtout leur permettant l’exercice de leurs droits fondamentaux. Dans le cadre de ce programme conjoint, 1 223 enfants, dont 576 filles, ont pu être inscrits en première année du primaire au cours des deux dernières années scolaires, dans le cadre des campagnes de retour à l'école.
La précarité des ressources financières dont disposent les familles autochtones génère un frein supplémentaire à l’éducation. Afin d’améliorer durablement les conditions de vie des populations autochtones et autres groupes vulnérables du département, le projet intègre un volet ‘‘appui aux activités génératrices de revenus’’. Le PAM a renforcé les capacités de production de 25 coopératives agricoles (culture du riz, maïs, manioc, arachide, pisciculture, production d'huile de palme) établis dans les 5 districts de la Lékoumou et accompagne 30 femmes vulnérables dans la transformation de poisson.
Ces petits exploitants, autochtones et bantous vulnérables, ont été structurés en groupements, formés, équipés et dotés en semences ou alevins de poisson, augmentant ainsi leur production et, en fin de compte, leurs revenus, tout en améliorant leur sécurité alimentaire. « Nous sommes contents car nous avons eu des machettes et des équipements. La vente de ce que nous récoltons nous permet d'avoir de l'argent pour envoyer nos enfants à l'école. » explique Germaine Pembe, présidente d’un groupement agricole à Mikamba.
Ces activités s'inscrivent dans le cadre d'un programme conjoint visant à améliorer l'accès à la protection sociale des populations autochtones dans le département de la Lékoumou. Il est mis en œuvre par l'OMS, le PAM et l’UNICEF en appui au Gouvernement congolais, avec un financement du Fonds conjoint pour les Objectifs de Développement Durable (en anglais : Joint SDG Fund).
Le projet améliore également l'accès des populations autochtones à des services de santé essentiels à travers le renforcement des capacités de 24 agents de santé et de 34 relais communautaires et la dotation de 23 centres de santé intégrés de la Lékoumou en équipements, intrants nutritionnels et médicaments essentiels. 7 300 enfants et 4 800 femmes enceintes et allaitantes ont été traités contre la malnutrition, par le biais de consultations dans les centres et la mise en place de stratégies mobiles dans les communautés./-
Cécile Mercier. PAM